LES GRECS SONT POLYGLOTTES

Le 26 septembre c'était en Europe "la Journée européenne des langues". Un communiqué d'Eurostat (Office des communautés européennes) annonce ses chiffres.

Selon donc la Commission, en Grèce, où l'apprentissage d'une langue étrangère, l'anglais, est obligatoire dès le primaire, l'oscar revient à la Grèce où une proportion de 92% (chiffres 2006) d'élèves apprennent une langue étrangère, l'anglais.

Une chose m'échappe pourquoi 92% seulement quand l'apprentissage de l'anglais est obligatoire depuis la 5ème classe du primaire ?

En 2007 , toujours en Grèce, dans l'enseignement supérieur, 91,8% apprennent une seule langue contre 6,9% deux langues étrangères ou plus. En France, nous obtenons les chiffres de 10% et de 90% respectivement.

Pour les adultes de 25 à 64 ans, les chiffres deviennent beaucoup plus parlants.
En Grèce, 43,4% ne parlent aucune langue ; 44,8 parlent une langue étrangère (l'anglais arrive encore en tête) ; 11,9% parlent deux langues au moins.

En France, respectivement les chiffres sont : 41,2 % - 35,9% - 22,9% et l'anglais arrive en tête.

Tout cela c'est de la théorie en fait. C'est bien l'apprentissage mais qui parle réellement, vraiment, essentiellement une langue étrangère ?

En Grèce, la famille dépense énormément pour l'éducation en général. Les Grecs investissent beaucoup d'argent pour leurs bambins pour l'apprentissage d'une ou plusieurs langues étrangères. D'ailleurs ils n'attendent guère de l'école publique dans ce secteur. Ils préférent, même si ils sont contre, avoir recours aux services de l'enseignement parallèle des "frontistiria". peuvent-ils faire autrement ???

Les "Frontistira" sont un réseau d'écoles privées, d'instituts de langues où l'élève complète ses connaissances, en général le soir, après les cours. Les parents pris au piège par cette économie parallèle ne peut autrement qu'inscrire leurs enfants à ces cours de langues privés en espérant qu'ils seront gratifiés au bout d'une dizaine d'année par un diplôme tels que "Lower", "Proficiency" et autres DELF et DALF.

A côté des frontistiria, il y a également les cours privés, à domicile. Onéreux, il faut compter de 15 à 25 euros par heure, et plus parfois, selon le niveau. Plus le niveau est élevé plus l'heure-horaire augmente.


Résultat de cet enseignement parallèle, parallèle en théorie, puisqu'en vérité la réelle connaissance ne s'acquiert que grâce à ces écoles privées. Les Grecs sont polyglottes, la tranche d'âge 20-35 ans connait au moins l'anglais. Les plus anciens se débrouillent avec des mots appris sur le tas, question de survie !

En connaissance de cause, ne parlant pas grec lorsque je suis arrivée en Grèce, j'ai toujours pu me faire comprendre grâce à la connaissance de l'anglais, d'une part, plus rarement du français, encore moins de l'allemand (que j'ai complètement oublié faute de n'avoir jamais eu l'occasion de m'exercer !).

Apprendre le grec en Grèce a toujours été pour moi également une question de survie. Comprendre un pays et ses habitants, c'est parler sa langue.

Pour l'anecdote, l'autre jour dans le métro, deux anglais ont abordé une jolie grecque en lui lançant un "hello, how are you ?". Visiblement gênée, la jeune fille a répondu par un mouvement de la tête. L'un des jeunes a rétorqué étonné : "you don't speak english ?". Pourquoi faut-il que ces anglophones ai en plus l'exigence que les autres parlent l'anglais ? Parlent-ils une autre langue que l'anglais ?

Allez donc voir les résultats de ces statistiques : http://europa.eu/rapid/pressReleasesAction.do?reference=STAT/09/137&format=DOC&aged=0&language=FR&guiLanguage=fr

Posons-nous des questions :
- sommes-nous tous égaux devant l'apprentissage des langues ?
- avons-nous tous les mêmes capacités ?
- est-il plus facile pour un Grec d'apprendre l'anglais ou d'apprendre le Français ?
- Un Français peut-il apprendre facilement le grec moderne ? Ferait-il un tel choix s'il en avait le choix ?
- sur quel critère choisir une langue étrangère plutôt qu'une autre ?
- les Grecs ont-il un don des langues ?

L'Union européenne c'est 27 pays et 23 langues étrangères.

Commentaires

ms a dit…
Cet article est vraiment intéressant, mais je trouve les statistiques faussées. Si l'on considère le 90 pour 100 de français qui ont étudié 2 langues étrangères ... étudié oui mais jusqu'à quel point ? Française vivant aux Pays Bas, mariée à un grec, je peux dire que les néerlandais et les grecs au même age maitrisent 100 fois mieux 1 ou 2 langues que les français ! Ils devraient s'intéresser aussi au résultat final et non pas à la scolarité.
Paris-Athènes a dit…
C'est bien ce que je pense moi aussi. Au diable donc leur statistiques ! ce ne sont pas les miennes, la vérité c'est ce que je vois tous les jours... Les Grecs sont vraiment polyglottes et ces derniers se plaignent bien souvent que nos compatriotes ne le sont pas...
- sommes-nous tous égaux devant l'apprentissage des langues ?

Y a-t-il un "don" pour les langues? Personnellement, après plusieurs années à apprendre l'anglais sans m'expatrier (ou, plus exactement : à le pratiquer tous les jours), je pense sincèrement que non. Tout problème peut se décomposer et, lorsqu'on le décompose suffisamment, la solution apparaît toujours et devient alors même évidente.

Cela semble parfois un casse-tête... il s'agit de se rappeler qu'il y A des solutions aux casses-têtes :)

Ensuite, en dehors de tout "don" (existant ou non, et présent ou non s'il existe), il y a tout simplement des manières d'apprendre les langues qui fonctionnent et d'autres qui ne fonctionnent pas! On ne peut pas blâmer le résultat d'une mauvaise approche sur une absence de don.

Tout cela pour dire qu'avec une approche intelligente et suffisamment motivante, on avance nécessairement :)


- avons-nous tous les mêmes capacités ?

Je pense que non. C'est comme au sport. Un enfant qui serait petit pour son âge ne sera pas avantagé pour le basket... Pourtant, le basket sera bon pour lui (gain en détente).

On gagne à profiter de ses points forts... et on gagne souvent aussi, et de manière plus intense, à travailler sur ses points faibles.

Quelq'un qui a une mauvaise mémoire gagnera plus à l'entraîner qu'à abandonner toute activité qui demande des efforts en la matière!

L'anglais est un sujet trop vaste pour tout aborder ici, disons simplement qu'il y a beaucoup de facettes et qu'on peut tous avoir des facilités ou des défis à relever parmi elles. Comprendre la structure de la langue (très logique) requière encore de travailler sur sa prononciation (très physique, au sens de lié aux muscles), par exemple.


- est-il plus facile pour un Grec d'apprendre l'anglais ou d'apprendre le Français ?

J'ai quelques connaissances grecques qui sont à Paris depuis quelques mois... C'est sûr que leur anglais est meilleur que le nôtre, il n'y a pas photo! (Les mots leur viennent et ils osent parler, la question ne se pose pas. A l'inverse, lorsqu'il s'agit de parler anglais, les Frenchies semblent toujours se pose la question de savoir si, oui ou non, ils vont se mettre à l'eau!)


- Un Français peut-il apprendre facilement le grec moderne ? Ferait-il un tel choix s'il en avait le choix ?
- sur quel critère choisir une langue étrangère plutôt qu'une autre ?
- les Grecs ont-il un don des langues ?

Ouahhh!... C'est trop vaste pour moi ici!

Perso, un de mes facteurs de choix lorsqu'il s'agit d'apprendre une langue est : qu'est-ce que cela m'apporte et -- ce qui est connecté -- qu'elle est la facilité avec laquelle on trouve des supports dans cette langue?

L'anglais m'apporte lectures en anglais, l'anglais m'apporte des options. L'anglais est omniprésent.

La culture grecque semble riche, pour une français qui désire apprendre le grecque, il me semble indispensable d'avoir accès à toute cette culture. (Ne serait-ce que la musique moderne grecque, c'est énorme.)
Anonyme a dit…
Bonjour,

Je suis tombée sur ton blog il y a des années de ça et cet article m'a intéressée. J'ignore si tu regardes les commentaires récents de tes articles peu récents, mais je fonce quand même.

L'étude des langues est fort subjective surtout quand on l'apprend à l'école, je crois. Surtout qu'un élève peut être doué et un autre beaucoup moins, mais pour les statistiques ils parlent tout deux la langue apprise.

Pour ma part, j'habite en Belgique, et en primaire, deux langues étrangères obligatoire sont proposées, l'anglais et le néerlandais qui est l'une des trois langues nationales. Quand j'ai quitté la primaire, j'ai continué le néerlandais sans jamais apprendre l'anglais de toute ma scolarité, ni même après.

Après plusieurs réflexions sur ce choix, j'en suis venue à la conclusion que l’apprentissage d'une langue peu parlée ou pas du tout fut une bonne affaire. Je ne me repose pas sur l'anglais quand je vais dans des pays étrangers, j'essaie plus de parler leur langue avec des signes pour me faire comprendre. Même si ce n'est que deux ou trois mots dans la langue et le reste emprunté à gauche et à droite avec des petits signes.

C'est malheureux à dire, mais j'ai l'impression que quand on apprend l'anglais obligatoirement, on a plus tendance à se reposer sur lui car quand on ne le connait pas, on doit bien essayer de se faire comprendre autrement. L'un des exemples qui me font dire ça est l'exemple de la Belgique, j'entends beaucoup de francophones dans mon pays dire qu'il est inutile d'apprendre le néerlandais car on peut parler anglais entre néerlandophones et francophones et même avec les germanophones. Un autre exemple quand j'étais partie en voyage scolaire en Grèce, beaucoup ne faisaient pas d'effort pour dire de simples mots en grec comme bonjour, merci, s'il vous plait. Une langue internationale, dans un sens, est une malédiction pour le commun des mortels.

Tu te posais la question de l'apprentissage du grec en France. En France, je ne sais pas, mais j'ai du peiner pour pouvoir décrocher mes cours de grec. Ils sont extrêmement rares, soit des cours privés soit il faut aller dans des centres helléniques soit dans des cours européens de langues qui se donnent en cours du soir. Ce que je trouve encore plus triste dans ce dernier cas, c'est que le cours ne se donne que peu de fois par semaine tandis que d'autres comme l'anglais et l'espagnol se donnent tout les jours et même plusieurs fois par jour.

Pourquoi dénigrer les langues les moins connues ? Pourquoi nous imposer une langue dite internationales ? Les langues ne sont pas toutes internationales, ne méritent-elles pas d'être toutes apprises ? A quand un monde unilingue ? Je suis sûre qu'ils en seraient capables.
Paris-Athènes a dit…
bonsoir mon anonyme du 28 septembre ! je suis tout à fait d'accord qu'on ne doit pas nécessairement se sentir obligé d'apprendre une langue internationale, par conséquence, l'anglais pour pouvoir s'en sortir lorsque nous voyagons par ex.
Il existe toujours des alternatives : la langue des signes, pas la vraie, quoique ce pourrait être utile, au même titre qu'une langue étrangère. Je devrais peut être dire le langage des mains qui nous permet où que ce soit de pouvoir se faire comprendre. Bref, il ne faut hésiter à faire son baptême, ne pas avoir peur de prononcer quelques mots dans la langue du pays. De par expérience, je vois que les GRecs apprécient toujours qu'un étranger fasse l'effort de parler sa langue.
Toute langue mérite d'être apprise, chacun doit avoir un but et surtout ne pas flancher, faire son choix est le plus important.

Merci pour votre commentaire.
Bonne soirée

Articles les plus consultés